"Ce médecin chercheur, par son énergie, son esprit d’organisation, son charisme et son talent médical et scientifique va sans doute réussir à éliminer la cysticercose du Pérou." Philippe Sansonetti, membre de l’Institut de France (Académie des sciences).
En lui décernant son Prix de 500 000 euros, la Fondation Christophe et Rodolphe Mérieux – Institut de France récompense le docteur Hector Garcia pour sa contribution considérable à la santé publique au Pérou et plus particulièrement à la recherche sur la cysticercose, la plus fréquente des infections parasitaires du système nerveux central dans les pays en développement, à laquelle est dédié le CWGP. La Fondation souhaite ainsi l’aider dans son projet de création d’un centre de recherche et de soins pour les maladies parasitaires.
Fondé en 1987, le CWGP est un groupe de recherche réputé sur la cysticercose, dont Hector H. Garcia assure la direction depuis le début des années 1990. Il est composé d’une centaine de personnes et multiplie les collaborations internationales, entre autres sur le thème de cette infestation larvaire erratique, dans l’espoir d’obtenir un jour son éradication.
Par ce Prix, la Fondation Christophe et Rodolphe Mérieux poursuit son engagement dans la recherche sur les maladies infectieuses dans les pays en développement, et lui confère également un rayonnement très large, compte tenu des domaines médicaux variés que touche cette pathologie.
D’origine péruvienne et âgé de 48 ans, le Docteur Hector Hugo Garcia est un chercheur de talent dans le domaine des maladies parasitaires, et notamment de la cysticercose. Il est docteur en philosophie de l’École de Santé Publique Johns Hopkins Bloomberg (2002), États-Unis, puis docteur en Santé Publique de l’Université péruvienne de Cayetano Heredia (2003), ou UPCH.
Expert en maladies infectieuses en neurologie, il se consacre ensuite à la cysticercose. Les caractéristiques de cette infection parasitaire lui permettent de conjuguer ses différents domaines de connaissances, car elle entraîne notamment de graves pathologies ophtalmiques
Il est aussi chercheur à l’Institut National de Sciences Neurologiques de Lima. Très actif au sein de l’UPCH, au sein de laquelle il dirige le Centre de Santé Mondiale (à Tumbes) et dont il est professeur principal du Département de microbiologie, le docteur Garcia est engagé dans de nombreuses collaborations internationales. Chargé principal de recherche internationale en épilepsie et cysticercose de la fondation Wellcome Trust de Londres, il est également l’auteur de nombreuses publications, aussi bien dans des revues d’audience internationale que dans des ouvrages scientifiques, ce qui contribue à sa renommée mondiale.
La cysticercose est l’une des maladies tropicales les plus méconnues du grand public, celui-ci connaissant avant tout les fléaux du SIDA et du paludisme. De plus, elle est souvent négligée par les équipes scientifiques travaillant sur les maladies infectieuses tropicales. Elle constitue pourtant un objet de recherche à part entière, touchant 50 millions de personnes dans le monde, principalement en Amérique latine, en Afrique, en Inde et en Asie.
L’homme peut être contaminé par voie extérieure, mais l’infection se fait surtout par ingestion d’aliments contaminés par le ver plat Taenia. À partir de l’intestin, les larves "cysticerci" se propagent dans l’organisme sous forme de kystes. Cette affection nécessite des investigations croisées puisqu’elle a des conséquences aussi bien cérébrales qu’ophtalmiques. Les régions où son incidence est la plus sévère enregistrent ainsi des risques d’épilepsie 3 à 6 fois plus élevés qu’ailleurs.
Le CWGP contribue activement au rayonnement international de la lutte contre cette pathologie mortelle, puisqu’il a soutenu l’implantation de deux groupes de travail équivalents. Le CWG en Afrique (Est et Sud) a ainsi été créé en 2003, et le CWG en Europe en 2008. Il semble important de noter que les investigations sur la cysticercose contribuent également aux avancées médicales sur les maladies parasitaires en général, catastrophiques pour les pays les moins avancés.
La coordination des équipes de travail est la clé de la production massive du CWGP. Créé en 1987, et placé dès 1988 sous la coordination du professeur Hector Garcia, il a été défini dès l’origine comme un groupe multi-institutionnel et multi-disciplinaire. Les docteurs Gonzalez (vétérinaire), Gilman (infectiologue) et Tsang sont les coéquipiers primordiaux du docteur Hector Garcia, de sorte que chaque domaine d’investigation met à contribution les travaux réalisés simultanément par les autres groupes, au profit de la lutte contre la cysticercose.
Critère de distinction du groupe, la transversalité entre les équipes est également appliquée à une échelle plus large. Basé sur les conseils de deux éminents scientifiques américains, le CWGP pratique à la fois l’expertise clinique et l’expertise en biologie moléculaire, l’épidémiologie, la parasitologie, et l’immunologie. Les chercheurs ont ainsi mis au point de nouvelles techniques diagnostiques, en particulier par une antigénémie variée pour dynamiser la production d’anticorps. Leurs recherches portent notamment sur les combinaisons possibles d’antiparasitaires, pour détecter plus tôt les antigènes dans les corps infectés. Ces travaux sont réalisés en lien étroit avec l’Université Cayetano Heredia et la Faculté de médecine vétérinaire de la Faculté Nationale Majeure de San Marcos.
La fécondité du groupe se mesure tout autant par la centaine d’articles publiés que par les entités pour lesquelles il travaille. Outre le National Institute of Health et l’IDRC (Centre de Recherche et de Développement International), il reçoit le soutien de la fondation Gates, ainsi que celui de la Food and Drug Administration (FDA) et de la fondation Wellcome Trust.
Reconnu dans le monde entier, le CWGP s’inscrit dans l’esprit du prix Christophe et Rodolphe Mérieux par sa volonté de dédier le prix à l’édification d’un centre de recherche et de soins, dédié à la cysticercose et plus largement aux maladies parasitaires. La concrétisation de ce projet sera un pas en avant salutaire pour le Pérou, premier pays endémique de la cysticercose.